Actus des entreprises

Telecabinas Kuélap révolutionne le transport touristique au Pérou

Le premier système de transport par câble du pays : de la prouesse technique à l’ambition économique et touristique

Depuis juillet 2018, la CCIPF compte un nouvel associé, Telecabinas Kuélap (groupe POMA), un acteur de poids dans le développement de la province de Chachapoyas et de la région Amazonas en général. Nous en avons rencontré la Directrice générale, Viviana Castillo, qui a partagé son expérience, de la genèse du projet à son aboutissement.

 

Le fonctionnement du projet

En 2014, le gouvernement péruvien a attribué une concession de 20 ans au Consortium Telecabinas Kuélap S.A., composé du français leader mondial du transport par câble, POMA, et de l’entreprise de BTP Ingenieros Civiles y Contratistas Generales S.A. (ICCGSA). 17,9 milliards de dollars (hors TVA) ont été investis sous la modalité d’un Partenariat Public-Privé (PPP), pour permettre de lancer le premier projet de transport par câble au Pérou. Le gouvernement, au travers du Ministère du Commerce Extérieur et du Tourisme – Mincetur, qui représente l’État péruvien sur ce PPP  -, a soutenu le projet  et continue de le propulser aujourd´hui pour assurer son succès. Pour Viviana Castillo : « s’il est évident que c’est lepremier PPP du Mincetur, nous croyons que ça a été une phase d’apprentissage intéressante tant pour le Mincetur, représentée par le Plan Copesco* d’abord, puis par le Comité de Promotion de l’Investissement Privé**, ainsi que pour nous. »

 

Telecabinas Kuélap : l’ambition d’une région

La majestueuse ville fortifiée de Kuélap située dans le Nord- Est des Andes péruviennes deviendra inévitablement un des sites touristiques les plus attractifs du Pérou d’ici quelques années. C’est en tout cas l’objectif du gouvernement qui a accordé au consortium franco-péruvien dirigé par Poma la construction d’un système de télécabines reliant le site archéologique au village de Nuevo Tingo. Grâce à ce mode de transport innovant, plus confortable et plus rapide, le Mincetur compte redonner vie à la culture Chachapoya, désormais plus accessible, et construire un véritable pôle attractif gravitant autour de la forteresse millénaire afin de diversifier l’offre touristique du pays et développer l’activité économique de la région Amazonas. Le projet a porté ses fruits puisque depuis l’ouverture des télécabines en 2017, le nombre d’entrées sur le site a augmenté de 54% sur une période d’un an.

 

Une véritable prouesse technique

Le système de télécabines relève d’une véritable prouesse technique puisqu’il s’étend sur environ  4 000 mètres et franchit un dénivelé de près de 1 200 mètres. Viviana Castillo nous confie d’ailleurs que les difficultés majeures de la phase de construction du projet ont été liées à l’accessibilité de la zone de construction ainsi qu’au manque de ressources dans la région. La construction a donc été d’autant plus compliquée qu’il a fallu acheminer les matières premières jusqu’au site de construction, au milieu de la région Amazonas, à plus de 1 800 mètres altitude, entraînant ainsi de nombreuses complications logistiques.

 

Une opportunité économique et touristique pour la région


Telecabinas Kuélap représente une opportunité immense pour le développement économique et social de la région. Depuis son ouverture, le tourisme de la forteresse se développe à grande vitesse, générant une importante activité économique autour des nouvelles infrastructures. « Telecabinas Kuélap a apporté un dynamisme économique tangible, non seulement il y a désormais une série de petits commerces (restaurants, hôtels, entre autres), mais sa présence aussi a permis de faire connaître d’autres activités touristiques qui, avant, ne bénéficiaient pas de l’exposition qu’elles ont aujourd’hui », commente Viviana Castillo. Telecabinas Kuélap « a généré l’éclosion de petites entreprises de tous types, de nouvelles idées de commerces non explorées auparavant dans la zone, a permis d’augmenter le nombre de visiteurs sur le site, et tout cela contribue aussi à ce que les habitants s’efforcent de se former et d’offrir des services de meilleure qualité », ajoute-t-elle.

 

Un moyen de transport en plein essor sur le continent

Viviana Castillo se montre confiante quant au futur du secteur au Pérou. Le relief du pays et la difficulté d’accès à de nombreux sites sont autant de promesses d’opportunités pour l’entreprise française. Plus qu’une attraction touristique, le transport par câble pourrait même devenir un moyen de transport courant au Pérou pour lutter contre les déboires actuels des déplacements dans les grandes villes aujourd’hui : « c’est une nécessité de commencer à voir le câble comme la solution aux problèmes de transport urbains qui nous agacent tant », commente Viviana Castillo. Elle considère de plus que ce mode de transport est très prometteur puisqu’il représente à la fois une solution économique et respectueuse de l’environnement.

Si le transport par câble est très novateur au Pérou, ce n’est pas le cas de tout le continent sud-américain. Certains pays comme le Mexique, le Venezuela, la Colombie, le Chili ou la Bolivie l’ont déjà adopté en ville ou dans les montagnes, pour le transport massif et quotidien de personne ou pour permettre le développement du tourisme. L’essor de ce nouveau mode de transport en Amérique latine constitue donc un marché important et laisse envisager un avenir encourageant pour Poma.

 

*Plan Copesco Nacional : unité exécutive du Mincetur, qui formule, dirige, exécute et supervise les projets d’infrastructure touristique à échelle nationale.

**CPIP : organe promoteur de l’investissement privé et organe de coordination de Proinversion avec les autres entités impliquées dans les projets d’investissement privé, responsable de la gestion des contrats de concession signés par Mincetur

 

 

 

Viviana Castillo est l’actuelle directrice générale du consortium Telecabinas Kuélap, donelle prend la tête en mars 2018, quand Poma en devient l’actionnaire unique. Elle a cependant travaillé sur le projet depuis 2014 avec l’entreprise péruvienne ICCGSA. Elle connait bien le domaine des Partenariats Publics Privés et des Obras x Impuestos (mécanisme de réductions d’impôts pour chantiers d’intérêt public) puisqu’elle a travaillé quatre ans pour la Municipalité de Lima dans le cadre de la promotion de l’investissement privé et a participé à de nombreux projets concernant les transports dans la capitale, tels que « Via Parque Rimac » (l’actuelle « Linea Amarilla »), « Via expresa sur », « Vias nuevas de Lima », entre autres. Grâce à sa double expérience dans les secteurs publics et privés, Poma la choisit pour diriger le consortium en 2018. Elle devient la figure de proue d’un projet qui se veut à la fois respectueux de l’environnement et de la population de la région qui l’accueille tout en participant à sa capacité de faire du tourisme un secteur clé de son dynamisme économique.

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