Interview

Entretien avec Raúl Díaz, CEO de Lima Expresa

Ce mois-ci, nous avons rencontré Raúl Díaz, PDG de Lima Expresa, filiale du groupe français VINCI Highways. L’entreprise gère deux axes stratégiques de la capitale : la Vía de Evitamiento et la voie express Línea Amarilla. Avec lui, nous avons parlé mobilité, réduction des embouteillages et vision pour construire une ville plus connectée et durable. 

Comment êtes-vous devenu le CEO de Lima Expresa ? 

J’ai près de 30 ans d’expérience dans des entreprises, des secteurs et des pays très différents. Au fil de ces expériences, j’ai compris que ma vocation est de diriger des équipes pour concrétiser des projets porteurs de résultats. Aujourd’hui, mon défi quotidien est de diriger Lima Expresa. 

Quel est le rôle de Lima Expresa dans le paysage de la mobilité à Lima ? 

Notre mission est claire : contribuer à faire de Lima une ville plus connectée et plus durable. C’est la vision portée par VINCI à l’échelle mondiale : la « mobilité positive ». Nous croyons que notre travail peut améliorer concrètement la vie des usagers qui empruntent nos voies chaque jour. Pour une infrastructure urbaine aussi fréquentée que la nôtre, notre priorité est d’assurer fluidité et sécurité. 

Quels sont les principaux défis opérationnels au quotidien ? 

Nous accueillons environ 200 000 véhicules par jour, ce qui a un impact énorme sur la circulation de la ville. Notre philosophie, en tant que groupe, est de viser au-delà des standards habituels. En tant qu’entreprise d’origine française, nous opérons selon des standards de qualité élevés. Cela passe par l’innovation : déploiement de péages automatiques, amélioration continue de l’expérience client… 

Nous assumons aussi une responsabilité à long terme en matière de durabilité. Chaque jour, nous collectons 23 tonnes de déchets générés par les 11 districts traversés par la voie. Nous investissons également dans l’électrification, avec une flotte 100 % électrique et des postes de péage équipés de panneaux solaires. 

Selon vous, pourquoi Lima est-elle la ville la plus congestionnée d’Amérique latine ? 

La croissance de la ville s’est faite sans planification urbaine. La solution consiste à coordonner les efforts de tous les acteurs. De notre côté, nous travaillons avec la municipalité de Lima, le ministère des Transports et des Communications, et nous cherchons des partenaires pour concrétiser les projets déjà présentés, toujours avec une approche centrée sur les citoyens. 

Quel rôle le secteur privé peut-il jouer dans ce contexte ? 

Aujourd’hui, le secteur public ne dispose pas des ressources financières, humaines ou techniques suffisantes pour exécuter rapidement les projets. L’investissement privé peut combler ce déficit, comme le montrent les résultats très positifs des concessions au Pérou. Pour notre part, nous assumons une responsabilité plus large : avoir une vision intégrée des transports dans l’ensemble de la municipalité de Lima. C’est pourquoi nous avons présenté des projets non seulement dans notre zone de concession, mais aussi en dehors, avec l’idée que le système doit être pensé dans son ensemble. 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre plan de 100 millions de dollars pour réduire les embouteillages sur la Vía de Evitamiento et la voie express Línea Amarilla, et quelles sont les priorités ? 

Nous avons identifié dix solutions dans notre zone de concession, déjà soumises à la municipalité de Lima. Cinq d’entre elles ont commencé à être mises en œuvre, tandis que cinq autres attendent encore l’approbation. 

Elles se répartissent en trois grands volets : 

  • Des arrêts de bus repensés : cinq arrêts seront déplacés hors des voies principales, mieux dimensionnés et sécurisés. Objectif : fluidifier la circulation tout en améliorant l’expérience des usagers et des piétons. 

  • Un réaménagement des postes de péage : malgré l’introduction du télépéage, la congestion reste forte. Nous proposons donc de repenser entièrement les trois péages les plus fréquentés – Monterrico, Huánuco et Prialé – afin de réduire le temps d’attente des automobilistes. 

  • Deux grands projets d’accès : la construction d’un viaduc surélevé au-dessus de l’avenue Quechuas, reliant Salamanca à l’avenue Palmeras ; et un nouvel accès au pont Acho vers l’avenue Abancay, destiné à fluidifier le trafic et désengorger la voie principale. 

 

Quelles innovations technologiques accompagnent ces projets ? 

L’avenir du péage est électronique. Nos infrastructures sont déjà équipées pour la lecture automatique des plaques et des badges. Le paiement en espèces reste la principale source de ralentissement. Nous encourageons donc l’usage des moyens électroniques : voie de péage libre (PEX), cabines acceptant les cartes bancaires et autres solutions modernes. 

Quels résultats attendez-vous du projet d’échangeur routier Faucett, présenté au ministère des Transports et des Communications, et qui doit relier directement l’avenue Morales Duárez à l’aéroport international Jorge Chávez ? 

Notre vision est d’apporter une solution globale à la mobilité de la ville. Le premier pas consiste à travailler main dans la main avec le ministère et avec les autres acteurs impliqués dans des projets dans la zone, afin de garantir la cohérence de l’ensemble. 

Concrètement, le projet prend la forme d’un échangeur routier composé de cinq modules. Il faut rappeler que la voie express Línea Amarilla arrive par l’avenue Morales Duárez, à seulement deux kilomètres de l’avenue Faucett. L’objectif est donc de résoudre les problèmes de circulation et de transport dans tout ce secteur stratégique. 

Parmi les différents accès prévus, le plus important sera la construction d’un viaduc surélevé : il prolongera la voie express Línea Amarilla au-dessus de l’avenue Faucett, franchira deux ponts aériens et mènera directement au nouvel aéroport par un accès exclusif. Ce ne sera ni l’accès provisoire actuel, ni celui qui sera mis en service avec l’échangeur Santa Rosa, mais bien une entrée directe depuis la voie express Línea Amarilla jusqu’au futur aéroport. 

Quels sont les défis que vous identifiez ? Et quelles seraient les prochaines étapes? 

Le défi ne nous appartient plus uniquement. Nous avons réussi à mettre en place un groupe de travail commun, qui nous permet de définir des priorités et des délais afin que les projets avancent de manière cohérente. 

Le principal enjeu aujourd’hui est de faire en sorte que ces différents projets soient compatibles entre eux et puissent se réaliser de façon ordonnée. Le véritable défi n’est pas seulement de mener à bien un projet, mais de coordonner l’ensemble pour limiter l’impact sur la population. 

Tout le monde souhaiterait que les projets soient achevés rapidement, mais en réalité, certains travaux impliquent forcément des désagréments temporaires. L’essentiel est que ces inconvénients restent les plus légers possibles. 

Quel message souhaitez-vous adresser aux citoyens sur la contribution des concessionnaires au développement urbain et à l’amélioration de la mobilité ? 

Comme je l’ai mentionné plus tôt, je pense que l’investissement privé joue aujourd’hui un rôle essentiel dans le développement économique du pays. La réalité est que l’État dispose de délais de réponse plus longs et de moyens limités pour réaliser rapidement les projets dont nous avons urgemment besoin. Cette responsabilité revient donc en grande partie à nous : proposer des solutions pertinentes, les mettre en œuvre et concrétiser ces projets, toujours avec l’intérêt de la population en tête. 

Il est temps également de dépasser certaines idées reçues : l’investissement privé n’est pas « mauvais », pas plus que les péages. C’est une perception que nous devons laisser derrière nous. L’essentiel est d’aller de l’avant, de montrer que ces outils peuvent réellement améliorer la vie des citoyens et contribuer à bâtir une ville plus fluide et mieux connectée. 

Quel héritage aimeriez-vous laisser à la tête de Lima Expresa? 

Pour moi, le véritable héritage se vit déjà au quotidien : voir nos équipes alignées sur notre mission. Cela ne signifie pas seulement bien faire les choses, mais aussi être fiers de relever des défis, de proposer des solutions innovantes et d’assumer la responsabilité de construire une Lima plus connectée et plus durable. 

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